dimanche 1 décembre 2013

Oubliés de nos campagnes : portraits et récits de la France "d'en bas"

Claire, Jean-Pierre, Maurice, Christelle, Mathieu, Amandine, Freddy, Jennifer.... et tant d'autres. TROP d'autres.
Ce sont des oubliés. Des oubliés de nos campagnes. On n'en parle peu, presque jamais. Pourtant, ils ont quelque chose à nous raconter.


Ce weekend, je me suis rendue au Point Ephémère, pour voir des photos qui ont fait beaucoup de bruit cette semaine (cf. article paru le 28/11/2013 dans Le Figaro, article paru le 22/11/2013 sur bfmtv  et diaporama paru le 19/11/2013 dans Libération). 
Elles ont été dévoilées au public dans le cadre de l'exposition Oubliés de nos campagnes, une manifestation sur la précarité en milieu rural en France, organisée par le collectif de photographes MYoP et le Secours Catholique Caritas.

Georges et Isabelle, 57 et 46 ans. Hameau d'Ardichen, Ariège. Crédit photo : Pierre Hybre.
Ce n'est pas une grosse exposition. Je ne pensais pas y rester longtemps. Une séance de ciné m'attendait.
Une séance de ciné m'attend toujours...
J'ai déambulé autour de ces portraits, et de ces paysages. J'ai lu et relu des récits de vie, des vies très souvent accidentées : maladie, chômage, deuil, toxicomanie, RSA, solitude, alcoolisme. Des récits pour expliquer comment ces personnes sont tombées dans la précarité car la parole leur a été donnée, pour qu'ils racontent leur vie, leur itinéraire, et qu'ils définissent ce qu'est pour eux, la précarité.

L'exposition était organisée autour de 4 thèmes :
- la diagonale du vide ;
- ruptures ;
- Ester et Armando ;
- la vallée des oubliés.
J'ai choisi de vous présenter des photos des thèmes qui m'ont le plus touchée : " la diagonale du vide " et " la vallée des oubliés " :

La diagonale du vide est une zone particulièrement touchée par l'exode rural. Loin des grandes villes, la dureté de la crise est bien là.


Claire, 56 ans, aidée par le secours catholique. Lorsque le bénévole du secours catholique vient lui rendre visite, son mari a tellement honte de recevoir de l'aide qu'il va se cacher dans les bois. Crédit photo : Alain Keler.
Elle compte son argent au centime près. Vous pouvez écouter Claire ICI. Crédits photo : Lionel Charrier.

La vallée des oubliés :

Puis il y a cette femme, Isabelle, 52 ans, " la femme du bout du sentier ". Elle dit pudiquement qu'elle a des " problèmes d'alcool ".
Cela ne facilite pas ses relations avec sa fille, Amandine...  Vous pouvez écouter son récit ICI. Crédits photos : Ulrich Lebeuf.
Amandine est brillante, ce sera peut-être la seule de sa famille qui fera des études. Elle l'espère. Elle rêve de quitter sa commune (Bertecourt-les-Dames, dans la Somme, 1 160 habitants). Crédits photos : Ulrich Lebeuf.

La précarité pour les oubliés de nos campagnes :

Christelle, 41 ans : " La précarité, c'est de vivre au jour le jour, pas savoir ce que tu vas manger le soir... ".

Maurice, 55 ans : " La précarité c'est pas la mort, mais quelque part ça y ressemble. Quand l'âme n'arrive plus à vibrer, à pleurer de joie. Ça c'est terrible, ne plus être en position de pouvoir être aimé, ça c'est terrible, c'est la précarité, je pense ".

Vous l'aurez compris, j'ai été très touchée? car derrière ces photos, il y a des personnes qui existent et qui sont bien souvent en souffrance. 
Cela permet de relativiser et de se rendre compte que l'on a parfois beaucoup, que l'on ne profite pas assez, et que l'on devrait davantage en être conscient. Qu'en pensez-vous, que vous inspire ces photos?
Crédits photo : Lionel Charrier

6 commentaires:

  1. Très bel article, touchant, les photos sont tristes mais superbes à la fois.

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  2. Oh c'est si triste... Bravo pour ce billet, qui leur redonne un peu la parole. Je comprends que tu aies été touchée! Bisous

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    1. Merci La Petite Bulle! Je suis contente d'avoir été voir cette expo, d'avoir fait ce billet, d'avoir partagé ces histoires, pour que l'on prenne conscience que ces personnes existent, et qu'on ne les oublie pas!

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  3. Très belles photos qui reflètent une réalité bien présente... Attention toutefois à ne pas faire le raccourci ruralité = précarité.

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    1. Bonsoir Céline. Pour répondre à ta remarque, sur les possibles raccourcis, l'exposition n'a pas vocation à stigmatiser les personnes qui habitent à la campagne, mais à parler de tous ceux qui habitent dans des régions rurales et qui vivent dans la précarité, mais dont on ne parle très peu. Car on associe souvent la précarité au zones urbaines, et lorsque l'on parle de la campagne, le sujet tourne souvent autour des agriculteurs.

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